samedi 26 mai 2007

Prenez le temps de lire....version anglaise avec traduction- altavista.com

Crocodiles, hippopotames et pétrole
A l'ouest, la forêt vient mourir sur les plages de Loango et de Mayumba, offrant un spectacle unique au monde: baleines à bosse et dauphins croisant au large, pendant que s'ébattent, les pieds dans les vagues, buffles aux oreilles empanachées de soies blondes et éléphants empourprés par leurs ablutions dans les rivières chargées de sédiments ocre rouge. Des crocodiles du Nil s'évadent de leurs lagunes pour nager jusqu'à 10 kilomètres des côtes. La nuit, les monumentales tortues luths pondent dans le sable et, au petit jour, les hippopotames viennent surfer dans les rouleaux de l'Atlantique. Une torchère brille, loin sur la mer, rappelant que le pétrole est la première ressource du Gabon.
Mais la manne n'est pas éternelle. Les experts estiment qu'elle sera tarie dans une vingtaine d'années. Sans compter que le partage des richesses demeure une notion théorique pour le régime inamovible d'Omar Bongo, en place depuis 1967. Ce dernier a compris qu'en valorisant l'or vert après l'or noir il gagnait sur tous les tableaux: s'acheter à peu de frais une respectabilité toute neuve sur le plan international, en tirant parti de la lutte d'influence qui oppose Américains et Français dans cette région du globe. Aujourd'hui, les pays du golfe de Guinée fournissent 15% des importations américaines de brut. A l'horizon 2015, les Etats-Unis souhaitent faire passer cette part à 25%, privilégiant ces pays politiquement moins explosifs que le Proche-Orient. Encore faut-il s'assurer de leur stabilité à long terme. «L'environnement et les ressources naturelles sont un aspect important de la paix, parce que, lorsque nos ressources se raréfient, nous nous battons pour nous les approprier», déclarait la militante écologiste kényane Wangari Maathai en recevant l'an dernier son prix Nobel de la paix. Message reçu cinq sur cinq par les Etats-Unis. Quant à la France, dont les intérêts économiques sont multiples au Gabon - pétrole, bois… - elle renâcle à voir un des plus anciens clients de la bonne vieille «Françafrique» quitter son giron.
Créer des parcs, c'est bien. Les faire fonctionner, c'est encore mieux. Mais comment? «Les normes internationales en matière de conservation évaluent à 5 dollars par an et par hectare le budget d'une aire protégée, explique Omer Ntougou Ndoutoumé, chargé d'évaluer les projets de développement au sein du Conseil national des parcs nationaux (CNPN). Cela représente 15 millions de dollars par an, une somme trop élevée pour l'Etat gabonais, qui met au service de la communauté internationale 10,6% de son territoire.» Le Gabon allonge 500 000 dollars. Et estime que c'est bien suffisant. «Nos pays ont su préserver ce patrimoine sans compensation, plaidait Omar Bongo au sommet de Brazzaville. La préservation de la forêt prive nos Etats de ressources, mais notre dette est toujours là, et de plus en plus lourde. Il serait juste et équitable que la communauté internationale reconnaisse les efforts consentis.»
Convaincre les forestiers Parmi les filons de financement: le tourisme. On part de très loin. Les infrastructures routières font cruellement défaut dans ce pays où les pétroliers se déplacent en hélicoptère et en avion privé. Pour l'heure, seuls 2 des 13 parcs sont en mesure d'accueillir le public. Dans la réserve de la Lopé, l'ouverture, en 1986, du Transgabonais, la ligne ferroviaire qui relie Libreville à Franceville, a favorisé la création d'un hôtel au pied du mont Brazza, où les rapides mousseux du fleuve Ogooué décrivent un spectaculaire méandre. A Loango, un businessman néerlandais, Rombout Swanborn, essuie les plâtres du modèle de développement choisi par le Gabon: des concessions privées à l'intérieur des parcs. Aux investisseurs d'organiser l'accueil et le guidage des visiteurs, suivant un cahier des charges établi par le CNPN.

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